La numérisation, le développement continu des nouvelles technologies, les évolutions démographiques et les préoccupations écologiques transforment les métiers actuels. Ces mutations sociétales contribuent à l’apparition de nouvelles compétences portées par la génération Y et à la formation en devenir de métiers inédits que pratiqueront dans la prochaine décennie les purs digital natives de la génération Z.
On les appelle les digital natives, la « nouvelle génération silencieuse » ou tout simplement les « Z ». Une grande partie de cette tranche d’âge, née entre 1995 et 2009, entrera sur le marché du travail dans la prochaine décennie. Dans la même période, leurs aînés de la génération Y, nés dans les années 1980, s’y installeront et accéderont aux postes à responsabilité. Le point commun entre ces deux générations ? Elles sont profondément ancrées dans le XXIe siècle. Inutile de leur parler de la crise, les Y et les Z sont nés avec et s’y adaptent. Biberonnés à l’Internet, attentifs aux innovations technologiques, sensibilisés aux enjeux écologiques, prêts à travailler après 60 ans, ces travailleurs de demain vont arriver sur un marché du travail en pleine mutation.
« Les évolutions rapides de la société créent de nouveaux besoins, donc de nouvelles compétences qui s’intégreront dans la plupart des métiers existants et créeront de nouveaux métiers », explique Amandine Brugière, chercheur à la Fondation Internet nouvelle génération (Fing).
Pour mesurer l’effet de ces changements, le cabinet Ernst & Young n’hésite pas à parler d’une « révolution des métiers » dans les prochaines années. Leur étude indique que 90 % des dirigeants anticipent des changements majeurs dans les métiers de leurs équipes et 39 % pensent qu’ils vont toucher plus d’un quart de leurs effectifs.
« Les compétences, à la fois techniques et comportementales – polyvalence, adaptation au stress -, vont devenir plus importantes que les métiers. Ceux de l’informatique, par exemple, vont se diluer pour devenir des compétences nécessaires à de plus en plus de métiers dans tous les secteurs », précise Marc Lhermitte, associé chez Ernst & Young.
La « faute », principalement, aux nouvelles technologies, qui bouleversent les métiers existants. En vingt ans, la numérisation de l’économie a créé près de un million d’emplois en France et la tendance va se poursuivre dans les années à venir. Des secteurs aujourd’hui embryonnaires, comme l’informatique en nuage, le traitement des mégadonnées, les objets connectés et la robotique, vont connaître un développement spectaculaire. Selon un rapport de 2013 de l’institut américain McKinsey, ces métiers innovants entraîneront un gain considérable pour l’économie mondiale, compris entre 10.000 milliards et 25.000 milliards d’euros par an d’ici à 2025. L’essentiel viendrait de l’Internet mobile (entre 3.000 milliards et 8.000 milliards d’euros), suivi de l’automatisation du travail intellectuel, des objets connectés et de l’informatique en nuage. Des chiffres imprécis, mais qui donnent une idée de l’ampleur du phénomène…
Eclosion aujourd’hui, explosion demain
Parallèlement à la numérisation de l’économie, son « verdissement » devrait fortement affecter le marché du travail. Le secteur du développement durable, qui emploie aujourd’hui 4 millions de Français, devrait créer 600.000 emplois d’ici à 2020 selon le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE).
« La prise en compte des enjeux environnementaux va bouleverser l’industrie, les services et l’agriculture », précise l’économiste Sandrine Aboubadra-Pauly, de France Stratégie.
L’enjeu pour les entreprises est surtout de concilier l’activité économique avec la responsabilité sociétale, dans une époque marquée par une certaine perte de sens liée à la mondialisation.
« Créer du lien social s’inscrit dans le coeur de la démarche des entreprises à la fois en interne et dans la relation client. Le développement des métiers de l’économie sociale et solidaire participe à cette tendance de fond », explique Jean-Noël Chaintreuil, spécialiste des problématiques RH.
Enfin, le vieillissement de la population (un Français sur trois aura plus de 60 ans en 2050, contre un sur cinq en 2005 d’après l’Insee) engendrera un fort dynamisme des métiers des services, et notamment ceux des services à la personne, qui emploient déjà plus de deux millions de Français et créeront 350.000 postes d’ici à 2022, selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares). Les préoccupations liées à la qualité de la vie dans une société vieillissante vont également secouer les domaines de la santé et du bien-être, sources de nombreuses innovations et donc de nouveaux services.