Décrocher un entretien, c’est bien, y faire bonne impression, c’est mieux. Au cours de cet exercice si particulier, viendra forcément le jeu des questions-réponses. Focus sur les incontournables et les meilleures manières d’y répondre quand on est jeune diplômé.
Quels sont vos qualités et vos défauts ?
C’est un classique indémodable de l’entretien d’embauche : le jeu des qualités et des défauts « amène le candidat à porter une opinion sur lui-même », décrypte Benoît Aubert, directeur des relations entreprises au pôle universitaire Léonard de Vinci. Selon lui, cette question permet au recruteur de « tester la confiance en soi du candidat ainsi que sa capacité d’argumentation. Le fond de la réponse apportée importe autant que la forme, le verbal et le non verbal : on va scruter les signes de nervosité et d’impatience, les mots qui bafouillent ou les jambes qui se croisent et se décroisent… » Son conseil ? « Toujours ramener au factuel pour contrecarrer les signes d’émotivité. » Par exemple, expliquer qu’au cours de son précédent stage, on a repéré avec son manager qu’il y avait un point à travailler, tel qu’un souci d’organisation, et qu’on fait en sorte depuis de s’améliorer sur ce point. « Ce type d’argumentaire permet à la fois de pointer du doigt un défaut tout en le tournant positivement en montrant les efforts entrepris », estime Aurélie Fermont, consultante au sein du cabinet de recrutement Blique Actimum.
Parlez-moi de vos échecs…
Un parcours scolaire tortueux, une année sabbatique à justifier… Tout n’est pas toujours linéaire dans le parcours d’un jeune diplômé et le recruteur ne manquera pas de vous le faire remarquer. « Mais ça ne doit pas forcément être pris comme un échec, même si certains recruteurs vont vous le présenter ainsi pour tester votre réaction, assure Benoît Aubert. Il faut sortir du réflexe franco-français qui veut qu’un parcours chaotique est vu comme un défaut car c’est de moins en moins vrai. » Un avis partagé par Aurélie Fermont, qui développe : « Si vous avez commencé par du droit, avez testé les études de médecine pour finalement aller en école de commerce, cela peut paraître incohérent, mais ça n’est en rien un échec et vous devez l’expliquer. Dire par exemple qu’au début de vos études vous avez pu être influencé par un contexte familial mais que vous avez finalement pris votre destin en main pour finir par obtenir le diplôme que vous souhaitiez vraiment. » Une manière de montrer votre maturité, de vous affirmer en tant qu’acteur de votre vie. Et en cas d’année sabbatique ? « Il faut s’inspirer de la rhétorique des politiques, conseille Daniel Porot, auteur de 101 questions pièges de l’entretien d’embauche. Vous pouvez en parler comme d’une période difficile, où vous vous cherchiez, et vous en sortir par une pirouette en disant que vous avez tiré tel ou tel enseignement. »
Pourquoi devrais-je vous embaucher ?
Vous n’êtes pas le seul candidat à postuler mais vous devez prouver que c’est vous qui avez le meilleur profil pour occuper le poste à pourvoir : c’est ainsi que doit être analysée cette question incontournable. « Elle nécessite de bien bosser son entretien en amont, en mettant en place un argumentaire expliquant en quoi votre profil entre en interaction avec les attentes de l’entreprise », analyse Benoît Aubert. Comme un puzzle incomplet, il faut montrer que vous êtes la pièce manquante dont l’entreprise a besoin. Par exemple, vous avez pu constater que cette dernière ne communiquait pas assez sur les réseaux sociaux, puis expliquer que justement, vous y êtes particulièrement actif et que si on vous embauche, vous saurez faire rayonner la marque entreprise.
Où vous voyez-vous dans cinq ans ?
La prospection dans le futur est un incontournable, avec un piège assez facile à éviter selon Daniel Porot : « Il est évident que vous devez répondre en vous imaginant au sein de cette même entreprise. Mais il faut aussi le justifier : dire par exemple qu’avec ce que vous savez de l’entreprise, de ses perspectives d’avenir, des marchés qu’elle a récemment gagnés, vous êtes en mesure de vous engager avec elle sur un projet de carrière ambitieux. » Une manière de flatter la société en question tout en montrant que vous avez des idées assez précises de votre avenir. « Il n’est pas question de dire qu’on s’imagine PDG dans les dix ans à venir mais de montrer qu’on a analysé les évolutions de carrière en interne et tracer un échelonnement raisonnable : par exemple envisager de passer chef de projet d’ici deux ans et manager d’ici cinq ans », conclut Aurélie Fermont.